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L'impact des violences conjugales sur les enfants : ce qu'il faut savoir

Le 20 mars 2025
L'impact des violences conjugales sur les enfants : ce qu'il faut savoir
Découvrez les conséquences des violences conjugales sur les enfants et les dispositifs de protection existants. Agissez pour leur bien-être

Les violences conjugales, définies comme des comportements abusifs et répétés au sein d'un couple, touchent malheureusement de nombreuses familles. Selon les dernières données, près d'un enfant sur dix serait exposé à ces violences, que ce soit de manière directe ou indirecte (les violences conjugales débutent ou s'intensifient pendant la grossesse dans 40% des cas, selon l'étude Lent & Morris de 2000). Un décret du 23 novembre 2021 a d'ailleurs reconnu le statut de victime pour ces enfants, soulignant ainsi la gravité de leur situation. Les impacts de ces violences sur le développement physique, psychologique et social de l'enfant sont multiples et souvent durables.

À retenir :

  • Les enfants exposés aux violences conjugales présentent 10 à 17 fois plus de troubles du comportement que les enfants non exposés (Source : Unaf).
  • Le risque de décrochage scolaire est multiplié par 4 à l'adolescence pour ces enfants.
  • Une ordonnance de protection peut être demandée en urgence pour protéger l'enfant, même sans dépôt de plainte préalable.
  • Contactez immédiatement le 119 (Enfance en danger) en cas de violences directes constatées sur l'enfant.

Les conséquences des violences conjugales sur le développement de l'enfant

Impacts physiques et développementaux

L'exposition aux violences conjugales peut affecter le développement de l'enfant dès la période prénatale. En effet, les substances du stress maternel traversent le placenta et impactent le développement cérébral du fœtus. Après la naissance, ces enfants présentent fréquemment des retards dans l'acquisition de la propreté et du langage, ainsi que des troubles ORL et dermatologiques récurrents.

Les études montrent également que les enfants exposés aux violences conjugales sont 8 fois plus sujets aux interventions chirurgicales que la moyenne. Ces problèmes de santé physique s'ajoutent aux traumatismes psychologiques subis. Les enfants exposés présentent d'ailleurs 10 à 17 fois plus de troubles du comportement que les enfants non exposés, selon une étude de l'Unaf.

Exemple : Lucas, 6 ans, a subi de nombreuses otites et angines à répétition suite à l'exposition aux violences conjugales entre ses parents. Il a dû subir une amygdalectomie en urgence, et souffre de terreurs nocturnes depuis plusieurs mois.

Impacts psychologiques et comportementaux

Sur le plan émotionnel, les enfants victimes de violences conjugales développent souvent des troubles de l'attachement et une angoisse d'abandon. Ils vivent dans une hypervigilance permanente, scrutant constamment les signes annonciateurs de violence.

On observe également un phénomène de "parentification", où l'enfant assume des responsabilités parentales inappropriées à son âge, comme faire les courses ou s'occuper de ses frères et sœurs. À l'adolescence, ces troubles peuvent se manifester par des conduites addictives, des troubles alimentaires ou des comportements suicidaires.

Le risque de reproduction intergénérationnelle des schémas de violence est également préoccupant. Les études montrent que 50% des jeunes délinquants ont vécu dans un milieu familial violent durant l'enfance.

Conseil : Si votre enfant présente des cauchemars récurrents, des flash-backs ou une hypervigilance excessive, consultez immédiatement un professionnel. Un suivi psychologique spécialisé doit être mis en place dès les premiers signes de troubles alimentaires ou du sommeil chez le nourrisson.

Conséquences sur la scolarité et la socialisation

Les violences conjugales ont un impact significatif sur la scolarité des enfants exposés. 80% d'entre eux présentent des difficultés de concentration, entraînant une baisse moyenne de 30% des résultats scolaires. L'absentéisme est 3 fois plus élevé que la moyenne et le risque de décrochage scolaire est multiplié par 4 à l'adolescence.

Sur le plan social, ces enfants développent fréquemment des troubles comportementaux et relationnels durables. Ils ont du mal à créer des liens de confiance et à s'intégrer dans un groupe.

Dispositifs de protection et d'accompagnement des enfants victimes

Cadre légal et droits spécifiques

Plusieurs dispositions légales permettent de protéger les enfants exposés aux violences conjugales. Le juge peut notamment ordonner une ordonnance de protection d'urgence, valable 6 mois et renouvelable, ainsi qu'une expertise médico-psychologique de l'enfant dans un délai de 72h. Cette ordonnance peut être demandée en urgence pour protéger l'enfant, même sans dépôt de plainte préalable.

Le droit de visite du parent violent peut être suspendu ou encadré par le JAF (Juge aux Affaires Familiales). Un administrateur ad hoc peut également être désigné pour représenter les intérêts de l'enfant. Le dispositif « Téléphone Grave Danger » peut aussi être accordé aux victimes avec enfants. La loi du 30 juillet 2020 est venue renforcer la protection des enfants exposés aux violences conjugales.

À noter : Les UMJ (Unités Médico-Judiciaires) peuvent établir des certificats médicaux spécifiques pour les enfants exposés aux violences conjugales. N'hésitez pas à vous renseigner auprès de ces structures.

Structures d'aide et d'accompagnement

De nombreux dispositifs existent pour accompagner les enfants victimes de violences conjugales :

  • Numéros d'urgence et d'écoute spécialisés comme le 119 (Enfance en danger) ou le 3919 (Violences Femmes Info). En Loire-Atlantique, SOlidarité femmeS propose un service d'écoute spécialisé du lundi au vendredi de 9h30 à 17h30 au 02 40 12 12 40. L'association a enregistré 1806 appels en 2023, en hausse de 5% par rapport à 2022.
  • Centres d'hébergement d'urgence comme ceux du réseau "SOS Villages d'Enfants". SOlidarité femmeS Loire-Atlantique dispose de 52 places d'hébergement dans son CHRS pour les femmes et enfants victimes de violences conjugales.
  • Espaces de rencontre protégés permettant des visites médiatisées parent-enfant en toute sécurité
  • Suivi psychologique gratuit via les CMPP (Centres Médico-Psycho-Pédagogiques). Une intervention possible d'une équipe mobile d'urgence médico-psychologique dans les 24h peut aussi être sollicitée.
  • Groupes de parole thérapeutiques spécifiques aux enfants exposés

Recommandations pour la protection et le soutien des enfants exposés

La détection précoce des signes de stress post-traumatique est essentielle. Il faut consulter immédiatement un professionnel si l'enfant présente des cauchemars récurrents, des flash-backs ou une hypervigilance excessive. Un suivi psychologique spécialisé doit être mis en place dès les premiers signes de troubles alimentaires ou du sommeil chez le nourrisson.

Le signalement systématique au juge des enfants de toute situation d'enfant exposé aux violences conjugales est primordial. Après la séparation, il est recommandé de maintenir une "parentalité parallèle" pour éviter l'instrumentalisation de l'enfant.

Enfin, la sensibilisation et la formation des professionnels de l'enfance (enseignants, éducateurs, personnels de santé) sont indispensables pour mieux repérer et accompagner ces enfants en souffrance.

Pour aller plus loin : L'ouvrage « Violences conjugales et parentalité » d'Edouard Durand (L'Harmattan, 2013) apporte un éclairage précieux sur les enjeux de la protection des enfants exposés aux violences au sein du couple.

Face à ces situations dramatiques, Maître Cécilia Boulland, avocate en droit de la famille à Nanterre, propose un accompagnement juridique et humain adapté. Grâce à son expérience et son engagement, elle défend les droits des enfants victimes de violences conjugales et aide les familles à se reconstruire. N'hésitez pas à la contacter pour bénéficier d'un soutien personnalisé et bienveillant dans ces moments difficiles.